« Un étudiant sans dossier médical, c'est grave ! »

Dans cet entretien, le responsable du centre de soins du campus d’Aboudaou, Dr Kamel Bouraoui revient sur la situation des services de santé universitaire, notamment leur implication dans la prévention médicale.

Entretien réalisé par Houchat Y.

Quelle est l'importance des centres de soins universitaire ?
Ces centres s'inscrivent dans le cadre préventive de la médecine universitaire instaurée dans le décret daté de 1985 qui fixe les objectifs de prendre en charge des étudiants et du personnel universitaire. Leur mission est de surveiller la santé de toute la population spécifique. Et comme la communauté universitaire est facile à identifier et à contenir, donc on a développé cette médecine tout près d'eux afin de faire des consultations itératives, au début,  au milieu et à la fin de chaque année universitaire. Cette médecine préventive sert aussi à recueillir des informations pour des fins de prévention, pas uniquement pour soigner les malades. Mais, tellement débordés nous pouvons pas faire l'imprévision.
Donc, la médecine préventive n'existe plus à l'université ?
Malheureusement, la surcharge et les nombreuses consultations sur place nous ont dévié de nos véritables missions. À la base notre mission est de développer la médecine préventive, d’inviter les travailleurs, les étudiants et leur faire une visite médicale totale, un bilan général qui sera intégré dans leur dossier médical. Il est question aussi de développer une politique sanitaire, par la communication et la sensibilisation de toute la communauté universitaire sur la manière de se prévenir et de faire attention à leur santé,  avec des rencontres de proximité dans les lieux d'études, et les espaces de regroupement universitaires. La médecine préventive c'est aussi les visites périodiques sur le terrain et la constitution des dossiers médicaux pour chaque étudiant afin de suivre son état de santé. Nous pouvons même formuler des recommandations aux départements, sur certains cas nécessitant un suivi et des consultations périodiques pour qu’ils ne soient pas pénalisés par l'accumulation des absences ou leur retard. La médecine préventive est censée, également, mener des études sur les phénomènes prépondérants chez la population universitaire, comme le tabac par exemple, afin de développer un plan d'action de prévention et proposer des solutions alternatives.

L’université de Béjaia, comme tant d'autres, a été secouée par le Covid 19, quel constat faites-vous de la gestion de la crise sanitaire à l'université ?
En fait, toutes les vagues étaient sévères, je ne mets pas une vague plus méchante qu’une autre, chacune des vague a laissé son emprunte de dégâts. En réalité personne n’a pris  au sérieux  le protocole  sanitaire en vigueur, personne ne l'a appliqué, il y avait un relâchement total. De plus, nous vivons dans un milieu interactif où l'université n'est pas isolée de la société, elle ne peut être éloignée par ces vagues tant la société dans son ensemble avait négligé le protocole sanitaire. À un certain moment, l’improvisation à pris le dessus sur l’application du protocole et le médecin aurait dû être associé en continu. Qaund, une forte augmentation de cas de contamination est observée, on ferme carrément la structure concernée pendant 10 jours et on procède à la désinfection des lieux. On l'a fait au niveau de l’auditorium, à la faculté de biologie et de médecine. Ce genre d'épidémie mondiale nécessite une contextualisation, ce n'est pas un phénomène isolé à l’université pour s'inquiéter plus. Bien au contraire à l’université les stratégies de préventions seraient plus efficaces parce que c’est une population réceptive elle peut entendre des messages, elle peut adhérer à une stratégie contrairement à une population panachée. Il est difficile d'évaluer l'efficacité du protocole sanitaire, car il n'était pas correctement respecté, néanmoins l’épidémie du Covid a mis à nu nos incompétences et nous insuffisance.

Comment peut-on améliorer la prise en charge sanitaire de la communauté universitaire ?

Nous avons besoin de beaucoup de personnel, le nouveau campus d'El-kseur en ce moment n’a pas de médecin, nous souffrons du manque d'effectifs soignants. Les normes exigent  un médecin pour chaque 8500 étudiants, la pénurie est notable. La prise en charge sanitaire, c'est aussi d'assurer une médecine préventive et des visites périodiques aux étudiants. C’est très grave, quand un étudiant n’a pas un dossier médical à l’université. Alors, on ne peut parler de la sécurité sanitaire de l’étudiant. En revanche, nous travaillons pour améliorer la structure en elle-même, pour qu'elle répond aux normes de soins et l'équiper le mieux possible. Aussi, il est important également d'améliorer la communication et la sensibilisation. Notre défi est de trouver les moyens permettant de rendre les  services plus efficaces. 


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