Une enquête menée par nos soins en mai 2021 sur l’impact du Covid‐19 sur les étudiants de l’université de Bejaïa révèle que nombreux d’entre eux ont contracté le virus ou étaient en contact avec des personnes affectées. Ces derniers nous expliquent les difficultés qu’ils ont rencontrés avec cette crise sanitaire et leurs mécontentements concernant le nouveau système d’étude.
Dans cet entretien, le responsable du centre de soins du campus d’Aboudaou, Dr Kamel Bouraoui revient sur la situation des services de santé universitaire, notamment leur implication dans la prévention médicale.
Entretien réalisé par Houchat Y.
Quelle est l'importance des centres de soins universitaire ?
Ces centres s'inscrivent dans le cadre préventive de la médecine universitaire instaurée dans le décret daté de 1985 qui fixe les objectifs de prendre en charge des étudiants et du personnel universitaire. Leur mission est de surveiller la santé de toute la population spécifique. Et comme la communauté universitaire est facile à identifier et à contenir, donc on a développé cette médecine tout près d'eux afin de faire des consultations itératives, au début, au milieu et à la fin de chaque année universitaire. Cette médecine préventive sert aussi à recueillir des informations pour des fins de prévention, pas uniquement pour soigner les malades. Mais, tellement débordés nous pouvons pas faire l'imprévision.
Donc, la médecine préventive n'existe plus à l'université ?
Malheureusement, la surcharge et les nombreuses consultations sur place nous ont dévié de nos véritables missions. À la base notre mission est de développer la médecine préventive, d’inviter les travailleurs, les étudiants et leur faire une visite médicale totale, un bilan général qui sera intégré dans leur dossier médical. Il est question aussi de développer une politique sanitaire, par la communication et la sensibilisation de toute la communauté universitaire sur la manière de se prévenir et de faire attention à leur santé, avec des rencontres de proximité dans les lieux d'études, et les espaces de regroupement universitaires. La médecine préventive c'est aussi les visites périodiques sur le terrain et la constitution des dossiers médicaux pour chaque étudiant afin de suivre son état de santé. Nous pouvons même formuler des recommandations aux départements, sur certains cas nécessitant un suivi et des consultations périodiques pour qu’ils ne soient pas pénalisés par l'accumulation des absences ou leur retard. La médecine préventive est censée, également, mener des études sur les phénomènes prépondérants chez la population universitaire, comme le tabac par exemple, afin de développer un plan d'action de prévention et proposer des solutions alternatives.
L’université de Béjaia, comme tant d'autres, a été secouée par le Covid 19, quel constat faites-vous de la gestion de la crise sanitaire à l'université ?
En fait, toutes les vagues étaient sévères, je ne mets pas une vague plus méchante qu’une autre, chacune des vague a laissé son emprunte de dégâts. En réalité personne n’a pris au sérieux le protocole sanitaire en vigueur, personne ne l'a appliqué, il y avait un relâchement total. De plus, nous vivons dans un milieu interactif où l'université n'est pas isolée de la société, elle ne peut être éloignée par ces vagues tant la société dans son ensemble avait négligé le protocole sanitaire. À un certain moment, l’improvisation à pris le dessus sur l’application du protocole et le médecin aurait dû être associé en continu. Qaund, une forte augmentation de cas de contamination est observée, on ferme carrément la structure concernée pendant 10 jours et on procède à la désinfection des lieux. On l'a fait au niveau de l’auditorium, à la faculté de biologie et de médecine. Ce genre d'épidémie mondiale nécessite une contextualisation, ce n'est pas un phénomène isolé à l’université pour s'inquiéter plus. Bien au contraire à l’université les stratégies de préventions seraient plus efficaces parce que c’est une population réceptive elle peut entendre des messages, elle peut adhérer à une stratégie contrairement à une population panachée. Il est difficile d'évaluer l'efficacité du protocole sanitaire, car il n'était pas correctement respecté, néanmoins l’épidémie du Covid a mis à nu nos incompétences et nous insuffisance.
Comment peut-on améliorer la prise en charge sanitaire de la communauté universitaire ?
Nous avons besoin de beaucoup de personnel, le nouveau campus d'El-kseur en ce moment n’a pas de médecin, nous souffrons du manque d'effectifs soignants. Les normes exigent un médecin pour chaque 8500 étudiants, la pénurie est notable. La prise en charge sanitaire, c'est aussi d'assurer une médecine préventive et des visites périodiques aux étudiants. C’est très grave, quand un étudiant n’a pas un dossier médical à l’université. Alors, on ne peut parler de la sécurité sanitaire de l’étudiant. En revanche, nous travaillons pour améliorer la structure en elle-même, pour qu'elle répond aux normes de soins et l'équiper le mieux possible. Aussi, il est important également d'améliorer la communication et la sensibilisation. Notre défi est de trouver les moyens permettant de rendre les services plus efficaces.
Il a fait de son travail un combat, ses pairs le considèrent comme le fondateur de l'Organisation nationale des médecins des oeuvres universitaires. Il a mis en place de nombreuses unités de médecine préventive, notamment à Bejaïa. Sa disparition brutale, il y a quatre ans a choqué plus d'un. Si on devait parlé de lui, on aurait dit, simplement, qu’il était l’incarnation de l'altruisme et de l'humanisme, toujours au service de l'autre, un citoyenengagé dans la cité. Né à Paris, deux ans après l'indépendance du pays, Dr Kessas Laaziz, orphelin de père avant même sa naissance, avait choisi de vivre en Algérie où il a poursuivi ses études avec brio. Marié et père de deux enfants Dr Kessas est connu de tous, pour sa génorisité générosité et ses principes nobles. Il était un ancien cadre du Rassemblement pour la culture et la démocratie et Responsable de l'unité de médecine préventive de la résidence universitaire Targa Ouzemour de Bejaïa, aussi coordinateur des médecins des résidences universitaires de Bejaia en 2007, puis médecin généraliste principal de santé publique en 2008 et en 2015. Son sérieux et sa compétence l'ont propulsé au grade de médecin en chef, où il a accompagné toutes les nouvelles recrues de médecins en les dotant de précieux documents de travail, en les briefant sur les missions et les tâches qui les attendaient, et répondait à toute sollicitation des médecins des résidences