Beaucoup d'étudiants de l’université de Bejaia sont contraints de travailler pour subvenir à leurs besoins. Leur quotidien est semé d'épreuves, pour lesquelles il doivent redoubler d’efforts et de persévérances.
Au sein de l’université Abderrahmane Mira-Bejaia, le quotidien des étudiants se voit diviser entre les études et le travail à cause des complications et des besoins financiers, ce qui entraîne un rythme assez rigoureux à suivre pour certains. Par le biais des annonces publiées sur les réseaux sociaux, ils trouvent du travail au plus près des lieux d'études. Les fast-foods, les cafétérias, ou les foyers des campus et des résidences universitaires sont les plus indiqués. En revanche, ce n'est pas tout le monde qui trouve son compte avec ces emplois, car certains rapportent trop peu de revenus en dépit de leur parcours universitaire et des efforts fournis. À la résidence universitaire Berchiche 3, Wissem qu’est une étudiante en physique au campus de Targa Ouzemour, pense que la somme d’argent qu’elle reçoit régulièrement de ses parents n’est pas suffisante pour ses dépenses quotidiennes et faire recours à un travail est devenu une nécessité. Elle s’est donc orientée vers l’art culinaire en particulier les gâteaux traditionnels, dont elle excelle.
Au delà de la contrainte financière qui l'oblige à le faire elle : « exerce ce métier en tant que passion avant tout », et comme elle est étudiante et résidente, « il m'est difficile de survivre avec 1000 dinars par semaine, donc je me suis obligée de préparer des gâteaux dans ma chambre afin de les livrer au foyer de la cité » affirme-t-elle. Certains résidents font appel à leurs savoir faire en transformant leurs chambres en petite cuisine, ou en salon de coiffure et se créent un mini commerce subvenant à leurs besoins : « pour subvenir à certaines nécessités et alléger la charge de mon père qui a à son tour une charge familiale, je fais un peu de tout pour lui épargner la mienne », déclare un étudiant en Master 1 en génie mécanique. « Je travail en parallèle de mes études, car j’ai besoin d’argent, et je ne peux pas demander à mon père de payer mon abonnement à la salle de sport ni de me recharger mon crédit mobile », renchérit le même étudiant. Tenir la cadence avec un rythme aussi effréné est assez difficile pour certains : « en pivotant entre les études et le boulot, je tente de ne pas laisser le travail prendre le dessus sur mon parcours universitaire, même si c'est un peu compliqué», témoigne un autre étudiant en langue anglaise. Les raisons sont aussi ailleurs, la bourse attribuée aux étudiants demeure maigre et insuffisante pour couvrir les dépenses minimales : « Avec les prix qui ne cessent d'augmenter chaque semaine, vous croyez vraiment que c’est suffisant les 4000 et 7000 dinars par trimestre ? On est obligés de se débrouiller », se désole un étudiant en Master 1 - presse imprimée et électronique. Même si les conditions de vie des étudiants paraissent dans la majorité des cas acceptables, les plus précaires d'entre eux sont poussés à trouver des emplois occasionnels. Notamment les résidents des cités universitaires qui n'arrêtent pas de multiplier les petits boulots pour satisfaire leurs besoins les plus élémentaires : « J'étais obligé de passer à la vie active avant l'heure, en profitant du métier que je maîtrise ; la peinture, car je ne pouvais pas faire face à mes dépenses et charges relatives à mes études», déclare Himi Nassim étudiant en Master 2 – GRH. Pour lui ce métier lui a permis non seulement d’améliorer son niveau de vie mais aussi d’avoir une certaine indépendance financière. Il est à noter que la majorité de ces étudiants sont issus de familles défavorisées, au seuil de la pauvreté. Par ailleurs, certaines associations n'hésitent pas à apporter de l'aide à ces étudiants pour qu'ils puissent avancer et continuer leurs études dans des conditions financières meilleures. C'est le cas de A.K formatrice en la préparation de gâteaux traditionnels qui fait de son mieux pour aider cette catégorie d'étudiants défavorisés : « J’ai moi-même vécu cette situation, je me sens dans l’obligation d’orienter ces jeunes étudiants pour qu’ils puissent être accueillis dans un emploi qui leur convient». La vie estudiantine est truffée d’embuches surtout avec les besoins et les différentes charges qui ne cessent de cumuler. La réalité est triste, certains travaillent plus qu'ils n'étudient. Cela n’est pas un choix délibéré, mais par dépit. Beaucoup témoignent la grande difficulté à gérer leur temps et à alterner entre leur quotidien d'universitaires et celui d’employés. Une double peine pour eux.